« Un être qui s'habitue à tout, voilà, je pense, la meilleure définition qu'on puisse donner de l'homme » écrivait Fedor Dostoïevski. Alors qu’une vague d’attentats déferle sur la France depuis 10 ans, et que l’idéologie islamiste n’est toujours pas sérieusement combattue, nous serions-nous habitués au terrorisme ? L’impuissance des pouvoirs publics pousse les Français à la résignation, au fatalisme, comme une épée de Damoclès avec laquelle il faut bien continuer à vivre.
Bien sûr, de nouvelles lois ont été adoptées. Bien sûr, une prise de conscience collective a émergé. Mais le sursaut national attendu n’a toujours pas eu lieu. D’ailleurs, le mal n’est pas toujours bien compris : trop peu de responsables politiques soulignent que le terrorisme est un mode d’action et non une idéologie, et qu’il n’est que la conséquence du terreau fertile de l’islamisme. Endiguer le terrorisme, c’est d’abord assécher ce terreau !
Maire d’Orléans et Président d’Orléans Métropole, je suis confronté, comme de nombreux élus locaux, à des dérives, à la radicalisation islamiste, à des tentatives d’entrisme dans le milieu associatif, à l’école, dans l’enseignement supérieur et jusqu’à l’hôpital. Cette radicalisation, je la combats de toutes mes forces.
Cependant, je déplore la faiblesse des armes juridiques à notre disposition dans ce combat face à l’islamisme, alors même que les lois de décentralisation nous confèrent paradoxalement toujours plus de responsabilités.
Ainsi, il est impossible de s’assurer, dans le cadre d’une embauche, qu’un conducteur de bus, qu’un animateur social, ou qu’un agent de police municipale n’est pas radicalisé. Ne serait-il pourtant pas vital, pour protéger pleinement les Orléanais, de pouvoir le vérifier, dans des métiers où l’on transporte des passagers, côtoie des jeunes ou porte une arme ?
Je propose donc que les Maires aient accès aux noms des habitants de leur territoire qui sont fichés S ou FSPRT (Fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste) et qu’ils puissent en tirer certaines conséquences, dans un cadre juridique qui protège les droits fondamentaux.
Il ne s’agit pas de remettre en cause l’Etat de droit. L’Etat de droit ne vise pas à justifier l’impuissance des pouvoirs publics et à protéger des individus dangereux, mais à garantir l’application du droit et à protéger les citoyens des menaces ; l’Etat de droit ne consiste pas en un corpus de règles figées dans le temps et gravées dans le marbre, en témoignent les 24 révisions constitutionnelles depuis 1958, mais doit au contraire s’adapter aux nouvelles méthodes d’infiltration des islamistes, qui utilisent nos principes pour mieux les retourner contre nous.
Face au terrorisme, nous n’avons pas tout essayé. L’Etat doit pleinement assumer ses missions régaliennes, et décréter la mobilisation totale. C’est pourquoi il est indispensable d’associer pleinement les élus locaux pour relever ce défi et vaincre ceux qui nous ont déclaré la guerre.
Serge GROUARD
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