Chaque lundi, un chiffre, un constat, une analyse sur un thème d’actualité. Aujourd’hui, ces rodéos qui empoisonnent la vie des riverains.
Le chiffre : 2006. C’est l’année où je signe, en tant que maire d’Orléans, un arrêté anti rodéos. Voilà donc 15 ans ce qui signifie que le problème, comme beaucoup d’autres, n’est pas nouveau.
Le constat : Cette année-là, nous étions confrontés à une inflation de comportements délictueux de jeunes avec des quads, pocket-bikes et autres deux roues à moteur, empoisonnant la vie de nombreux riverains. A peu près les mêmes que ceux que nous avons vu récemment à Lyon, Vénissieux et ailleurs. Nous réagissons donc rapidement en application de notre principe, tolérance 0, impunité 0.
L’arrêté nous donne un cadre juridique précis pour intervenir et manifeste notre volonté de mettre un terme à ces pratiques provocatrices et dangereuses. Bien sûr, il s’accompagne d’un dispositif opérationnel avec la Police municipale et notamment la brigade motos et les patrouilles d’intervention, sans quoi il n’aurait aucun intérêt.
Deux cas de figure peuvent se présenter :
1 On peut interpeller immédiatement les contrevenants. Ils sont alors verbalisés et le véhicule est saisi et emmené en fourrière. Précisons que la verbalisation cumule toutes les infractions commises et peut donc se chiffrer à plus de 500 euros, ce qui fait une somme lourde.
2 On ne peut pas interpeller sur le champ parce que l’interpellation demande une course poursuite, elle-même dangereuse, notamment pour d’éventuels passants. La consigne est claire : On ne l’engage pas. En d’autres termes, on ne fait pas comme la police en Angleterre qui va jusqu’à renverser les contrevenants. Et notre dispositif est pourtant tout aussi efficace, je l’affirme.
Grâce à nos caméras de vidéo-protection et à nos patrouilles présentes 24/24 sur le terrain, nous identifions les véhicules pour ceux qui sont immatriculés. Pour ceux qui ne le sont pas, nous parvenons néanmoins à identifier les individus dans la presque totalité des cas. Cela demande une très bonne connaissance terrain et nous l’avons acquise au fil du temps.
Le lendemain, fort de ces identifications, un procès-verbal des infractions est apporté au domicile de la personne et le véhicule est confisqué. Celle-ci peut également être convoquée au commissariat.
A l’issue, la personne doit venir chercher son véhicule en fourrière et s’acquitter d’un second paiement et cela finit par coûter très cher. Lorsque l’engin n’est pas homologué ou que l’individu ne peut justifier de son achat ou de sa provenance, il peut, sous l’autorité du Procureur de la République, soit être donné à France Domaine pour le compte de l’Etat, soit être détruit.
Dans les premiers mois et quelques premières années, nous avons ainsi verbalisé des dizaines d’individus et saisi à peu près autant d’engins. A titre d’exemple, une quarantaine de contrevenants ont été verbalisés encore à l’été 2014.
Depuis l’été 2020, nous avons mis une adresse mail à disposition des Orléanais pour qu’ils puissent alerter la Police municipale sur la localisation de rodéos, le type et le nombre d’engins… Ils sont en nombre réduit.
L’analyse : Ce dispositif fonctionne et est efficace. Le nombre de rodéos a considérablement chuté à Orléans.
Pourquoi ? Parce qu’il est dissuasif. Lorsque vous avez eu plusieurs centaines d’euros d’amendes, que votre deux roues a été confisqué, voire détruit, vous réfléchissez à deux fois avant de récidiver. La réponse est également immédiate ce qui ajoute à l‘effet dissuasion.
La coopération est étroite entre les différentes autorités en charge de la tranquillité publique, mairie et police municipale, police nationale avec notamment la Brigade accident et délits routiers (BADR) et autorité judiciaire via le Procureur de la République.
Il n’est donc pas nécessaire de jouer les cowboys (comme en Angleterre) pour obtenir des résultats. En retour, il faut travailler dans la durée et sérieusement. Avec des moyens organisés à cet effet. C’est toute une chaîne opérationnelle qui nous permet d’être efficace : Caméras de vidéo-protection, unités de patrouille et d’intervention, notamment motos, présence et connaissance terrain.
L’exact inverse de ce que ne cesse de faire le Président de la République en matière de sécurité et encore ces derniers jours avec une opération coup de poing contre les rodéos qui permettra sans doute de jouer les gros bras et de faire quelques images pour calmer des habitants excédés mais qui ne sera en réalité, je le crains, qu’un coup d’épée dans l’eau.
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